Révélations dans la Parole

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Je vous donnerai ce qui est juste

par Jean-Louis Coraboeuf

« Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le point du jour afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Et étant tombé d'accord avec les ouvriers pour un denier par jour, il les envoya dans sa vigne. Et sortant vers la troisième heure... il dit à ceux-ci, Allez, vous aussi, dans la vigne, et je vous donnerai ce qui est juste [dikéo]... Et sortant vers la onzième heure... Il leur dit, Allez, vous aussi, dans la vigne. Et le soir étant venu, le maître de la vigne dit à son intendant, Appelle les ouvriers, et paye-leur leur salaire [misthos], en commençant depuis les derniers jusqu'aux premiers. Et lorsque ceux qui avaient été engagés vers la onzième heure furent venus, ils reçurent chacun un denier ; et quand les premiers furent venus, ils croyaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier. Et l'ayant reçu, ils murmuraient contre le maître de maison, disant, Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les as faits égaux à nous qui avons porté le poids du jour et la chaleur. Et lui, répondant, dit à l'un d'entre eux, Ami, je ne suis pas injuste [adikéo] envers toi, n'es-tu pas tombé d'accord avec moi pour un denier ? Prends ton denier et va. Mais je veux donner à ce dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est mien ? Ton œil est-il mauvais, parce que moi, je suis bon ? Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers, car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus » (Matthieu 20:1-16 Interlinéaire).

Dieu le Père est le Maître de la vigne qui représente son Royaume. Jésus est le Maître de maison chargé d'envoyer des ouvriers travailler dans la vigne. Jésus désire plaire à son Père "en accomplissant tout ce qui est juste" (Matthieu 3:15). Dans cette parabole, Jésus est chargé par son Père d'abord d'embaucher des ouvriers pour Sa vigne, c'est-à-dire d'amener des âmes dans le Royaume de Dieu, puis de leur donner un salaire. Le salaire, mithos en grec, c'est la récompense que Dieu nous accordera lors de la seconde venue de Jésus (Apocalypse 22:12). En donnant aussi un denier aux ouvriers de la onzième heure, Jésus ne fait qu'exercer la justice du Royaume de Dieu. Dieu est bon et ne fait pas de favoritisme (Deutéronome 10:17 ; Galates 2:6) ; Il est donc juste dans tout ce qu'Il fait.

Dans cette parabole, les ouvriers de la première heure exercent leur propre justice qui :

  • produit le murmure contre le maître de maison (Matthieu 20:11),

  • porte un jugement sur les autres (Matthieu 20:12),

  • et accuse le maître de maison d'être injuste (Matthieu 20:13).

Mais aussi, la propre justice :

  • s'oppose à la justice du Royaume de Dieu (Matthieu 6:1),

  • s'oppose à la grâce de Dieu (Matthieu 19:21),

  • produit l'orgueil et le mépris des autres (Luc 18:11).

Ainsi, aux yeux de Dieu, la propre justice des hommes est vue comme un vêtement souillé (Esaïe 64:5), elle obtient la récompense des hommes mais pas celle de Dieu le Père (Matthieu 6:1).

En disant aux ouvriers de la première heure "Ton œil est-il mauvais [ponèros] ?", Jésus reprend l'expression de son sermon sur la montagne "Si ton œil est mauvais [ponèros], tout ton corps sera dans les ténèbres" (Matthieu 6:23). Il suggère ainsi que notre propre justice amène les ténèbres dans notre vie : nous murmurons, nous jugeons et nous accusons. Nous quittons ainsi la grâce de Dieu pour travailler au mérite. Cette parabole s'adressait aux religieux de Jérusalem qui auraient dû être les premiers à entrer dans le Royaume de Dieu, mais qui, à cause de leur propre justice, seront les derniers à y entrer (Matthieu 19:30 ; 20:16).